Notes prises lors d’un atelier et la lecture de « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », d’Adele Faber et Elaine Mazlish. Les citations, sauf mentions contraires, sont extraites de leurs écrits. Cet atelier s’adresse aux parents, mais il me semble adaptable pour des enseignants.
Voir la liste des 7 ateliers, dans la rubrique « Pédagogie ».
© Photo Mathilde Bernos
Un des objectifs principaux de l’éducation est de faire des enfants, des élèves, des adultes indépendants, capables de penser par eux-mêmes et de prendre leurs propres décisions, comme l’évoque Khalil Gibran, dans Le Prophète:
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
[…]
Vous pouvez leur donner votre amour mais pas vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez héberger leurs corps, mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais vous ne pouvez pas les faire être comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier.
Pourtant, la manière dont nous leur parlons et dont nous réagissons ne favorise pas toujours l’autonomie, malgré nos bonnes intentions :
- quand nous leur demandons d’obéir en les infantilisant ;
- quand nous voulons trop les aider ;
- quand nous ne leur laissons pas suffisamment d’intimité, de liberté, d’autonomie…
Les enfants dépendent de nous : à cause de leur manque d’expérience, nous avons beaucoup à leur dire, à leur montrer, à leur apprendre. Mais le fait même de dépendre de nous peut entraîner chez eux de l’hostilité. Il est frustrant que les adultes se chargent de tout et ne les laissent pas agir par eux-mêmes.
Alors, comment minimiser leur sentiment de dépendance et les aider à devenir des êtres humains responsables et compétents et à se voir comme tels ?
Quelques pistes...
- Laisser l’enfant faire des choix
L’adulte pose un cadre et propose un choix simple, entre deux possibilités par exemple. L’enfant se sent alors plus responsable de ce qu’il a choisi.
« Pour l’enfant, chaque petit choix représente une occasion de plus d’assumer la responsabilité de sa propre vie. »
- Reconnaître et valoriser les efforts de l’enfant
au lieu de faire à sa place ou de le dénigrer…
en accompagnant ses efforts par une petite phrase : « C’est parfois difficile de… Cela peut être délicat de… »
« On croit généralement encourager l’enfant en disant : « C’est facile ». En réalité, on ne lui rend pas service. S’il réussit à exécuter une chose facile, il a l’impression de ne pas avoir accompli grand-chose. S’il rate son coup, il n’a même pas été capable de faire une chose simple.
Par contre, si on lui dit : « Ce n’est pas facile » ou encore « ça peut être difficile », il s’adresse à lui-même un tout autre message. En cas de réussite, il peut éprouver la fierté d’avoir accompli une chose difficile. En cas d’échec, il peut au moins avoir la satisfaction de savoir que cette tâche était difficile. »
Et il est effectivement difficile de faire une chose nouvelle pour la toute première fois !
On peut l’aider en lui donnant une explication, des renseignements utiles pour réussir : «C’est parfois utile de… »
Si l’enfant est fatigué, il peut cependant avoir besoin d’un peu d’attention ou de se sentir plus aidé…
- Ne pas poser trop de questions…
pour lui laisser la place et liberté de raconter ce qu’il souhaite.
- Ne pas se presser de répondre à ses questions
pour lui laisser le temps pour trouver la solution, l’opportunité de réfléchir et s’exprimer.
On peut reformuler sa question, ou lui demander ce qu’il en pense :
« C’est une question intéressante, qu’en penses-tu ? »
En cours, il est intéressant de commencer une nouvelle séquence par un point sur ce que connaissent déjà les élèves sur le thème abordé. Dans le cadre de recherches documentaires, on part souvent de ce que l’on sait déjà, pour ensuite mieux se poser des questions qui vont guider la recherche.
Il s’agit aussi d’une démarche sous-jacente dans les « ateliers philo », où les enfants explorent eux-mêmes une question, pendant que l’enseignant écoute en silence…
- L’encourager à utiliser des ressources extérieures
L’adulte n’a pas toujours réponse à tout et l’enfant peut trouver par lui-même une réponse, grâce à un document ou en questionnant une personne plus informée… Cela diminue le sentiment de dépendance, et montre que l’on peut trouver de l’aide dans le monde extérieur.
- Ne pas supprimer l’espoir
Encourager ses initiatives, ses idées. Faire confiance.
« Une grande partie du plaisir de la vie provient des rêves, des projets, de la fantaisie, de l’anticipation. En essayant de préparer les enfants à une déception possible, on peut les priver d’expériences importantes. […] On les protège aussi contre l’espoir, l’effort, le rêve et, parfois, contre l’atteinte de leurs rêves. »
Par exemple, si l’enfant envisage de faire une carrière de médecin ou d’ingénieur, mieux vaut le laisser chercher le niveau d’études nécessaire, plutôt que de lui dire que ce ne sera jamais possible avec ses résultats scolaires…
Et encore…
- Reconnaître à l’enfant le droit à son propre corps
En s’abstenant de lui redresser les épaules, ou de remettre en place une mèche de cheveux…
- Ne pas parler d’un enfant à une autre personne en sa présence.
- Laisser l’enfant répondre par lui-même.
- Lui montrer que l’on a confiance dans son aptitude à réussir dans l’avenir, quand il sera prêt.
- Ne pas abuser du mot "non".
Essayer de le remplacer…
- En donnant des renseignements ;
- En accueillant les sentiments ;
- En décrivant le problème ;
- En le remplaçant par oui :
« Oui, tu peux aller jouer, après avoir fini ton exercice »
- Se donner le temps de la réflexion :
« Laisse-moi y penser »
- Réfléchir à la manière de formuler ses conseils.
- Aider l’enfant à mettre de l’ordre dans ses idées et sentiments ;
- Reformuler son problème comme une question ;
- Indiquer les ressources extérieures pour l’aider ;
- Commencer une suggestion par « Comment te sentirais-tu à l’idée de…? Que penses-tu de…? »
- Exprimer ses propres idées, après que l’enfant ait pu explorer seul le problème : « Je crois que…? Je sens que…? »
Quelques idées pour favoriser l’autonomie au CDI
Le CDI me semble un lieu propice pour favoriser l’autonomie des élèves, puisqu'il est justement pensé pour leur permettre de chercher par eux-mêmes et que le savoir n’y est pas dispensé de façon magistrale.
- Inciter les élèves à partir de leurs propres connaissances, quand ils démarrent une recherche documentaire.
Carnet de recherche
http://lebateaulivre.over-blog.fr/article-carnet-recherche-38055080.html
Commencer une recherche
http://lebateaulivre.over-blog.fr/article-commencer-recherche-doc-egypte-60422421.html
- Mettre à disposition des fiches méthodologiques, papiers et / ou en ligne, pour favoriser la recherche en autonomie.
Initiation 6e (diaporamas et fiches méthodologiques)
http://lebateaulivre.over-blog.fr/pages/Initiation_a_la_recherche_documentaire_en_6e-1451224.html
- Mettre en place des ateliers Philo.
http://lebateaulivre.over-blog.fr/article-36002401.html
- Proposer aux élèves de devenir « délégués CDI ».
http://lebateaulivre.over-blog.fr/article-des-eleves-delegues-cdi-59150454.html
Etc !