Voici une très rapide histoire de la photographie. Mon document original, sous forme de diaporama powerpoint à montrer aux élèves, s’accompagne de nombreuses illustrations, que je ne peux reproduire ici, pour des questions de droit… Mais les curieux les retrouveront facilement sur Internet, avec les références indiquées.
Vous trouverez à la fin une fiche pédagogique...
I – L’origine de la photographie
1) Découverte optique : la chambre noire
Toute l'histoire de la photographie tourne autour d’un principe d’optique :
Quand la lumière pénètre par un petit trou (appelé sténopé) dans un espace fermé et sombre, l’image inversée de ce qui se trouve dehors se forme sur le mur opposé.
Ce procédé était déjà connu dans l’Antiquité.
Aristote, (Grèce, IVe siècle avant J.C.) fait part à travers ses écrits de l'utilisation de cette technique afin d'observer le ciel et les éclipses solaires.
On fabriquait des pièces spéciales pour les peintres. La lumière passait à travers les petits trous dans la toile des parois externes et projetait des images sur des écrans de papier transparent tendus à l’intérieur. L’artiste pénétrait dans la chambre par une trappe dans le plancher et pouvait recopier les images inversées sur le papier.
Cette technique était appelée camera obscura, ce qui a donné le terme de chambre noire que l'on a conservé pour désigner la partie principale de l’appareil photographique.
2) Découverte physique : la lentille
Au XVIème siècle, une lentille optique est placée à l'intérieur du trou, afin d'améliorer la qualité de l'image.
Au XVIIème, on voit apparaître de petites chambres noires « portatives ». Leurs lentilles étaient montées sur un système coulissant permettant de faire la mise au point. Un miroir interne redressait l’image.
Ces chambres noires étaient principalement utilisées pas des dessinateurs : à l'abri d'un rideau noir, ils s'en servaient pour projeter une image sur une feuille de papier, et décalquaient ensuite les contours pour obtenir un dessin assez fidèle de la réalité.
3) Découverte chimique : une surface photosensible
Au XVIIIème siècle, on découvre la photosensibilité de certains composés d'argent (comme le nitrate et le chlorure d'argent).
Deux scientifiques anglais, Thomas Wedgwood et Humphry Davy firent les premières expériences sur la création d'un support photographique. Ils obtinrent des images, mais qui ne duraient que quelques minutes avant de s'effacer... Ils n’avaient pas trouvé de moyen pour les fixer.
De son côté, Jacques Alexandre César Charles, un français, se pencha sur des travaux similaires et parvint à fixer des silhouettes floues et peu contrastées.
Il fallait trouver un moyen de conserver les images dans le temps, en stoppant la sensibilité des supports à la lumière …
4) 1826 : La première photographie par Nicéphore Niepce
Vers 1826-1827, après onze années de recherche, le physicien français Niepce parvint à photographier le paysage qu'il voyait de sa fenêtre.
Il obtint un cliché reflétant assez bien la réalité, avec néanmoins un temps de pose qui se comptait en heures (8 heures !).
Le support était une plaque d’étain, rendue sensible à la lumière, adapté dans une Camera Obscura.
Niepce appelait ce procédé une héliographie (de Helios, le soleil).
En 1832, Niepce s’associe à Louis Daguerre (1787-1851), mais il meurt en 1833. C’est Daguerre qui rend le procédé populaire, en développant le daguerréotype en 1839 : des images réalisées sur des plaques de cuivre, plaquées d’argent et traitées pour être sensibles à la lumière. L’image est ensuite révélée grâce à des vapeurs de mercure.
La daguerréotypie était chère et dangereuse, à cause des produits chimiques utilisés. La boîte à mercure permettait de développer les daguerréotypes. Une tablette servait à poser la lampe à alcool pour chauffer la coupelle métallique contenant le mercure. La vapeur de mercure montait par le fond ouvert de la boîte pour se déposer sur la plaque disposée en biais à l'intérieur. L'ouverture en demi-cercle, pratiquée sur la face avant, permettait à l'opérateur de suivre le développement de la plaque, à travers un verre rouge.
Cela nécessitait un temps de pose relativement long : il fallait utiliser une chaise pour faire le portrait des personnes, ce qui leur donnait un air un peu coincé … comme en témoignent les caricatures de Honoré Daumier pour le journal Charivari.
Les daguerréotypes étaient des objets fragiles. Ils étaient souvent montés dans des cadres pour les protéger. Les images produites étaient uniques : elles ne pouvaient pas être reproduites. Tout le monde voulait se faire « daguerréotyper » … c’était la mode dans les années 1840 … Une des premières fonctions de la photographie a ainsi été le portrait.
II – Evolutions techniques
la prise de vue
La photographie de presse a évolué et s’est développée grâce à l’amélioration :
- des supports : plus sensibles … ce qui a permis de réduire les temps de pose.
- des appareils : plus petits et plus maniables
Ces progrès techniques ont permis aux photographes de travailler dans de meilleures conditions …
1) Les conditions de travail des premiers reporters-photographes
Les appareils photographiques du milieu du 19e siècle ne permettent pas de figer le mouvement et donc de prendre des photos dans le feu de l’action.
Les poses durent de 2 à 20 secondes. C’est pourquoi les photographes de guerre font des photos des champs de bataille après la lutte, ou des mises en scène pour montrer la vie dans les camps.
Les conditions de travail sont difficiles : l’anglais Roger Fenton (1819-1869) part avec un laboratoire mobile, un cheval et deux assistants. Le matériel est lourd, peu maniable. Il faut développer les images directement sur place et les manipulations chimiques pour développer les images sont délicates et dangereuses.
2) L’évolution des supports
En Angleterre, William Henri Fox Talbot (1800-1877) cherche aussi le moyen de fixer les images produites par la chambre noire et réalise ses premiers essais en 1834.
Il reprend ses expérimentations en 1839 et appelle son procédé le calotype (de kalos : « beauté » en grec).
Il réussit à diminuer le temps de pose, grâce à la découverte de l’image latente, sur un papier rendu sensible à la lumière et que l’on développe avec un produit chimique adapté (le gallo-nitrate d’argent)
Et surtout invente le procédé négatif-positif, qui permettra de reproduire les images photographiques à l’infini. L’image de la fenêtre de Lacock Abbey est un des premiers négatifs …
Le mot « photographie » a été utilisé pour la première fois en 1839 par Sir John Herschel, un ami de Fox Talbot. Il vient du grec photos (lumière) et graphein (écrire)
3) L’évolution des appareils photographiques
1889 : George Eastman invente le film photographique souple en bobine,
grâce auquel on peut :
- Fabriquer des appareil plus petits et plus maniables
- Faire plusieurs poses sans avoir besoin de recharger son appareil.
1911-1913 : Le Leica est créé par Oscar Barnack, un employé de la firme allemande Leitz, fabriquant d’optiques.
Il voulait un petit appareil, léger et maniable et silencieux, que l’on puisse emmener partout. Il utilise le fameux format 24 X 36, avec des pellicules de 36 poses : ce n’est donc plus la peine de recharger son appareil aussi souvent qu’avant.
Dans les années 1930, il devient l’appareil de choix de photographes célèbres comme Henri Cartier-Bresson … ou Capa …
4) Une nouvelle technologie : le numérique
Les photographes professionnels ne sont pas toujours sur place lors d’un événement inattendu (accident, attentat …), mais le développement du numérique (appareils photographiques compacts ou téléphones portables …) permet à tout le monde d’avoir toujours un appareil sous la main … et d’envoyer facilement ses clichés aux agences ou aux journaux. Tout témoin de l’actualité peut ainsi être amené à photographier un scoop et rivaliser en quelques sortes avec les professionnels. C'est ce qui s'est passé lors du crash du Concorde à Gonesse en 2000...
Le numérique a aussi simplifié la vie des professionnels :
pour la prise de vue,
ainsi que la transmission des images.
III – Evolution technique
le traitement des photographies
1) Le tirage ou l’impression
1.1. Recadrer
Certains photographes ne recadrent jamais les photos au tirage, comme Cartier-Bresson.
D’autres le font, pour éliminer un détail gênant ou en mettre un autre en valeur.
Le recadrage peut être aussi imposé par le commanditaire. Et changer le sens, l'impact de l'image.
La célèbre photo, prise par Nick Ut au Vietnam en 1972, a été recadrée dans la plupart des journaux, pour supprimer les soldats visibles sur la droite. Cela renforçait l’impact de l’image … et évitait de montrer la passivité des soldats américains face à cette scène terrible … Cette photo a fait basculer l’opinion publique contre la guerre au Vietnam et a obtenu le prix Pulitzer.
1.2. Retravailler la luminosité / le contraste
Le photographe retravaille la luminosité et le contraste de l’image
A / grâce à l’agrandisseur ou au logiciel de retouche d’images
B / grâce au papier choisi en fonction :
-De la photo que l’on souhaite tirer, pour corriger des imperfections.
-Pour obtenir un effet particulier.
La « dureté » du papier se mesure en grades :
Le papier « normal » (grades 0 à 1,5) reproduit toutes les valeurs de gris d’une photo en Noir et Blanc.
Le papier « doux » (grades 2 et 2,5) atténue les contrastes entre les valeurs claires et les valeurs sombres
Le papier « dur» (grades 3 à 5) supprime les intermédiaires entre le blanc et le noir, qui s’opposent de manière plus forte.
La texture du papier joue un rôle :
Le papier brillant accentue les contrastes et les couleurs
Le papier mat les atténue
Il existe d’autres types de surfaces …
1.3. Retoucher
Que ce soit en laboratoire, ou avec un logiciel de retouche d’images, il est possible de retoucher les images, pour :
- éliminer des défauts (rayures, poussière, yeux rouges …)
- améliorer l’image (coloriser, gommer des détails … comme des rides …).
On peut en effet retoucher directement
- un négatif en dessinant dessus
- un tirage : l’encre de chine permet d’estomper les points blancs laissés par la poussière …
2) Les « effets spéciaux »
2.1. Photographie argentique
Pour tromper le spectateur :
Les « photos fantômes » pouvaientt être réalisées dans un but humoristique … ou pour tromper des adeptes de l’occulte.
Elles nécessitent une double exposition. Sur une image de Eugène Thiébault, en1863, le modèle « translucide » ne reste que pour une partie du temps de pose et le décor derrière lui apparaît donc aussi sur le négatif.
Pour imposer la photographie comme un art
Au XXe siècle, les photographes font des expériences dans leur laboratoire, pour que la photographie ne soit plus une représentation trop réaliste du monde, mais issue d’une démarche artistique.
Wanda Wulz faisait partie du mouvement « futuriste », qui met à l’honneur les innovations techniques, la vitesse … Elle veut montrer « l’état d’âme » et dépasser l’aspect trop réaliste de la photographie.
Pour un autoportrait en chat, elle superpose deux négatifs :, pour former un être hybride, l’équivalent d’une métaphore en littérature.
Man Ray a beaucoup utilisé :
- les « rayogrammes », en posant des objets directement sur le papier.
- les solarisations en allumant la lumière au moment du développement.
2.1. Photographie numérique
Montrer quelque chose qui n'existe pas, servir un discours
La retouche est parfois beaucoup évidente.
Dans une publicité pour « gaz de France », la terre semble s’ouvrir comme une porte et le slogan était «en cas de besoin, nos réserves sont rangées dans des placards naturels à mille mètres de profondeur »
Mais la retouche numérique n’est pas toujours visible. Il faut être d’autant plus attentif !
Vincent DEBANNE, dans sa série troops of defense / strategic places, ne montre ni tout à fait la réalité, ni tout à fait une fiction : « Un samedi du mois de janvier 2001, des bagarres éclatent dans le quartier de La Défense, suite à un regroupement de jeunes de la banlieue proche.Selon un enquêteur, les heurts de La Défense ne sont pas le fait de «bandes structurées avec des chefs, mais de groupes informels (...) qui ont les mêmes centres d'activités, légales ou illégales, et se retrouvent de façon ponctuelle, à 100 ou 200» Libération, 30.1.2001. La comparaison est injuste ... mais ces réglements de compte m'ont fait penser à cet autre regroupement (100 000 personnes), qui chaque matin, entre 9 h et 10 h, met en place le théâtre des opérations de la guerre économique. Les petits soldats s'acheminent vers leur position, prêts à veiller à la défense de nos intérêts ... Le non-lieu de La Défense peut alors devenir un formidable diorama. »
Alors comment reconnaître le vrai du faux ?
L’artiste Joan Fontcuberta veut démontrer qu’une image photographique n’est pas forcément « vraie ».
Il raconte et photographie l’histoire du colonel Ivan Istochnikov, pilote d’un engin spatial russe en 1968. Il serait parti accompagné de la chienne Kloka pour expérimenter les effets biologiques de la microgravité. Mais il a disparu au cours d ‘une mission extra-véhiculaire. Seule la chienne a été retrouvée. Le Kremlin, pour ne pas reconnaître cet échec, a alors effacé toute preuve de l’existence du colonel, n’hésitant pas à déporter sa famille en Sibérie et à effacer le visage du colonel sur les photographies.
Cette histoire est-elle vraie ?
Non et même les photographies sont des fictions !
Elles ont des allures de documentaires, parce que :
*elles font référence à des faits historiques :
-Pendant la deuxième guerre mondiale, de nombreuses photographies historiques ont été retouchées pour effacer certains personnages.
-La chienne Laïca est le premier être vivant à avoir voyagé dans l’espace.
* elles sont accompagnées d’un texte à la façon d’un reportage de magazine
La photographie, en 150 ans, a connu des évolutions techniques impressionnantes. Aujourd’hui, elle fait partie intégrante de notre environnement. C’est pourquoi il me semble important de connaître et faire connaître son évolution et les techniques utilisées par les photographes.
Ce texte est le commentaire d’un diaporama, dont la présentation n'est pas magistrale : je sollicite les élèves, leur pose des questions, attend les leurs... Pour qu'ils restent attentifs et gardent une trace, je leur demande de remplir au fur et à mesure une fiche pédagogique.
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