Notes prises lors d’un atelier et la lecture de « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », d’Adele Faber et Elaine Mazlish. Les citations, sauf mentions contraires, sont extraites de leurs écrits. Cet atelier s’adresse aux parents, mais il me semble adaptable pour des enseignants.
Voir la liste des 7 ateliers, dans la rubrique « Pédagogie ».
© Photo Mathilde Bernos
Comment aider l’enfant à construire une bonne estime de lui-même ?
Les différentes « habiletés » présentées lors des précédents ateliers favorisent l’estime de soi : quand on reconnaît les sentiments de l’enfant, que l’on respecte ses choix, que l’on valorise ce qu’il fait (plutôt que de pointer ce qu’il ne fait pas ou mal), la résolution de problème… Les compliments sont aussi une façon de faire grandir cette estime de soi, à condition de ne pas les adresser n’importe comment. Ce que l’on dit et la manière dont on le dit a un impact sur l’enfant, même quand les adultes, parents ou enseignants, sont absents. L’objectif est que l’enfant puisse se sentir apprécié, avoir confiance en lui, sans avoir à chercher constamment l’approbation des autres.
Comment réagit-on aux compliments ?
Quand on reçoit des compliments, on peut se sentir gêné ou avoir l’impression que cela sonne faux, qu’il s’agit d’une moquerie ou que l’on cherche à nous manipuler… Certains éloges sont trop excessifs pour que l’on y croit. Parfois, on peut ne pas se sentir à la hauteur. On se sent également mal à l’aise quand on a l’impression d’être évalué. Or, les compliments portent souvent un jugement de valeur sur ce que l’on a fait : « c’est magnifique », « vous êtes brillant »… Même un compliment apparemment positif peut être mal pris ou susciter le doute chez celui qui le reçoit.
Comment formuler des compliments ?
1) DECRIRE sans juger ou évaluer
Mieux vaut décrire ce que l’on constate, valoriser ce qui a été fait. Cela nécessite plus de temps, d’observer vraiment ce que l’enfant a fait, qu’il s’agisse d’un dessin, d’un travail, d’une action… On donne ainsi à l’enfant les clés de ce que l’on a apprécié, de ce qui est positif, afin qu’il soit capable de le reproduire.
Le compliment descriptif évite les superlatifs (« génial », « super »…), l’adverbe « bien », etc. On fait plutôt une liste, en variant le vocabulaire pour enrichir celui de l’enfant. On essaie d’être concret, factuel et de reconnaître les efforts de l’enfant : « Je vois que… ».
Si l’enfant réussit souvent, on évite d’ajouter « je ne suis pas étonné » ou « comme d’habitude », ce qui limiterait le compliment. Même un enfant habitué à réussir a besoin de reconnaissance.
On évite également de préciser « enfin »… car cela soulignerait les échecs précédents.
Si l’enfant a échoué, on peut simplement lui demander « C’était difficile pour toi ? ». On commence par essayer de mettre en avant ce qui était positif, ce que l’enfant a réussi. Il est alors plus disposé à entendre les critiques sur ce qui ne va pas. On attire son attention sur ce qu’il reste à faire, on lui donne des pistes pour améliorer le reste. Il considèrera davantage les erreurs comme une partie importante du processus d’apprentissage.
On aide aussi l’enfant quand on est capable d’accepter ses propres erreurs, d’en tirer profit plutôt que de se faire des reproches : en étant respectueux envers soi-même, on enseigne aux enfants à l’être envers eux-mêmes.
Entendre la description précise de ce que l’on a réussi permet d’être capable de reconnaître son propre mérite, de faire son propre éloge.
2) DIRE CE QUE L’ON RESSENT
On peut conclure par « Tu dois être fier de toi… » plutôt que « je suis fier de toi ». Il est plus intéressant que l’enfant se félicite lui-même.
Dans un deuxième temps, on va éventuellement lui dire ce que l’on a pensé ou ressenti : « Je suis très touché… », « J’aime beaucoup… », « J’ai eu plaisir à… ».
3) RESUMER EN UN MOT
On sépare l’acte de la personne : plutôt que de coller une étiquette à l’enfant en lui disant « Tu es responsable », « ponctuel », « persévérant », etc… on va plutôt énoncer « C’est ce que j’appelle de la responsabilité », « C’est de la ponctualité », « On appelle ça de la persévérance »…
On nomme la capacité dont a fait preuve l’enfant, afin qu’il se sente capable de quelque chose, qu’il l’intériorise. Même si plus tard, il échoue à être responsable, ponctuel, persévérant… il sait qu’il a déjà été capable de l’être.
4) SE SOUVENIR DES REUSSITES DE L’ENFANT
Pour lui rappeler qu’il a été capable de réussir, dans les moments de doute, de découragement. Plus tard, ce seront autant de points de repère sur lesquels il pourra s’appuyer pour avancer.
L’enfant a besoin d’attention et de reconnaissance, qu’on l’aide à reconnaître ce qu’il a réussi et le chemin qu’il lui reste à faire. L’objectif de cette manière de formuler ses compliments, est d’arriver à féliciter sans écraser et de critiquer sans blesser. Les compliments descriptifs aident à connaître ses points forts, à se faire une image plus précise de ce que l’on est capable de faire. Ils incitent à répéter ce que l’on a réussi et stimulent l’effort. Cela lui permet de construire l’image qu’il se fait de lui-même, influe sur les buts qu’il se fixera