© Photo Mathilde Bernos
Notes prises lors d’un atelier et la lecture de « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », d’Adele Faber et Elaine Mazlish. Les citations, sauf mentions contraires, sont extraites de leurs écrits. Cet atelier s’adresse aux parents, mais il me semble adaptable pour des enseignants. Voir la liste des 7 ateliers, dans la rubrique « Pédagogie ».
Cela commence de façon innocente, souvent inconsciente… Nos paroles peuvent enfermer les enfants dans des rôles : "elle, c'est la gentillesse incarnée" ou "lui, c'est un égoïste, il n'est jamais content". Les enfants finissent par coller à cette étiquette et être prisonniers des "rôles" qu'on leur attribue, qu’ils soient positifs ou négatifs. Ils se voient avant tout à travers les yeux de leurs parents, et des adultes référents, comme les enseignants. Ils ont au contraire besoin qu’on les aide à affirmer ce qu’ils ont de meilleur et à réorienter ce qu’ils ont de moins bon…
L’atelier, sur ce thème délicat, commence par un jeu de rôles. Une mère et un père font un puzzle. Trois « enfants », joués par d’autres adultes qui ne savent rien du scénario, entrent successivement et veulent aider leurs parents à faire le puzzle. Le premier est considéré par eux comme lent, ayant du mal à comprendre. Le second a une étiquette de casse-pieds. Le troisième a une image très positive de quelqu'un de brillant, réussissant tout avec facilité. Les « parents » réagissent et répondent en fonction de ces étiquettes. Une fois l’échange fini, l’animatrice demande à ceux qui ont tenu le rôle des enfants de raconter ce qu’ils en ont pensé. La première s’est sentie dévalorisée, dépitée. La seconde, rejetée. Elle est d’ailleurs devenue très agressive lors de l’échange ! Et la troisième ne s’est pas trouvée valorisée par son image positive. Elle a au contraire eu peur de ne pas savoir répondre aux attentes de ses parents ! Le plus étonnant était de voir les réactions très fortes des trois, alors qu’il s’agissait d’adultes, dans le cadre d’un échange fictif ! Tous les participants ont été frappés par l’impact que la vision que l’on a d’une personne peut avoir sur le comportement de celle-ci. De quoi donner à réfléchir par rapport à ce que l’on peut renvoyer aux élèves sans le vouloir…
Alors… comment aider un enfant à sortir du rôle dans lequel il est enfermé ?
1) Chercher des occasions de présenter à l’enfant une nouvelle image de lui-même, en mettant en avant ce qui est positif dans son attitude ou ses paroles.
A ce propos, on pourra se reporter au compte-rendu de stage avec Mme Sillam : « Remotiver en donnant une nouvelle image de soi »
2) Mettre l’enfant dans des situations qui lui permettent de se voir différemment, en lui donnant une deuxième chance, pour lui montrer qu’un échec passé ne le condamne pas. Le but est de l’aider à reprendre confiance en lui.
3) Donner à l’enfant l’occasion d’entendre dire des choses positives à son sujet à une autre personne.
4) Agir comme l’on souhaiterait que l’enfant le fasse, montrer l’exemple, en paroles et en actes. Si l’on a échoué à faire quelque chose, l’enfant peut ainsi réaliser qu’il y a d’autres façons de réagir que par la colère ou l’insulte…
5) Rappeler à l’enfant une réussite passée.
6) Exprimer ses sentiments et ses attentes, si l’enfant reprend son ancien rôle : « Cette façon de parler ne me plaît pas. Je m’attends à ce que tu… »
Il est préférable de
- parler de façon positive : utiliser l’adjectif « adroit » plutôt que « pas négligent »…
- ne pas ajouter « aujourd’hui » ou « pour une fois »…
- éviter les généralités, mais être précis, descriptif.
Toutes les habiletés décrites dans les ateliers précédents sont utiles pour aider un enfant à sortir d’un rôle !
Dans certaines situations, il est parfois difficile de bien réagir, de trouver les mots… On peut toujours prendre le temps et revenir dessus un peu plus tard.