Il me semble toujours intéressant de découvrir de nouveaux petits éditeurs ! S'éloigner un peu des circuits classiques et parisiens de l'édition...
Sky Comm est une maison d'édition située à Ollioules, dans le Var. Son fondateur, Jacques Boussaroque, a commencé à éditer des livres de photos, il y a sept ans, puis quelques livres de cuisine et enfin des livres pour enfants avec illustrations...
Quand et comment avez-vous décidé de monter votre maison d’édition ?
Il s'agit d'une double reconversion en quelques sortes. En effet, je me suis reconverti en 2004 dans la photographie, après 11 années passées dans la gestion et la finance.
Je savais que cette aventure était risquée, mais je savais aussi qu'aimant la photo, j'aurais des idées et du plaisir et que je saurais développer d'autres projets autour. C'est ainsi que sur les conseils d'un ami, j'ai réalisé un premier livre avec mes propres photos sur la Provence. Ayant eu la chance de trouver un diffuseur national avant même la sortie de cet ouvrage, j'ai très vite réalisé que cette diversification dans l'édition n'aurait de sens que si je parvenais à sortir d'autres ouvrages. C'est ainsi que j'ai réalisé d'autres livres photos (voyage et régionalisme) avec des photographes français ou étrangers. Séduit par l'aspect créateur du métier d'éditeur, j'ai continué ainsi à lancer chaque année plus d'ouvrages encore, et j'ai définitivement arrêté la photographie après un crash en ULM. Après les livres photos, je me suis intéressé aux livres de cuisine, puis aux livres jeunesse cette année.
Avez-vous suivi une formation particulière ? Laquelle ?
Pour ce qui est de la gestion, mon expérience passée m'aide grandement. J'ai suivi une formation sur les achats / cessions de droits. Mais pour le reste, j'apprends sur le tas. J'accepte l'erreur à partir du moment où je la comprends et peux y remédier.
Quel est selon vous l’intérêt de ce métier ?
En tant qu'entrepreneur d'une manière générale, c'est la liberté de choisir mon mode de développement.
Ce n'est pas pour autant la liberté de faire tout et n'importe quoi, mais celle de se poser les questions indispensables (quel type de livres, pour qui, comment ?), d'y apporter les réponses de la manière la plus rationnelle possible, et enfin de les mettre en oeuvre avec le plus grand enthousiasme. Réflexion et action créatrice...
Quels sont vos plaisirs d’éditeur ?
De rechercher toujours de nouvelles photos et de s'interroger sur la manière de les publier. Le contenant est tout aussi (voire plus) important que le contenu. J'ai plaisir à imaginer et créer de nouveaux formats.
Quant aux livres jeunesse, mon plaisir est de me dire "Je suis convaincu que les enfants prendront un immense plaisir à lire cet ouvrage." D'où la nécessité d'observer et de comprendre les enfants.
Quelle est votre ligne éditoriale ? Notamment par rapport à un public jeunesse ?
Elle se crée au fur et à mesure, car je n'en suis qu'au début, elle est donc loin d'être figée.
Il faut savoir que j'ai quatre enfants en bas âge et que cela influe sur mes choix. Je privilégie les ouvrages ludiques et les thèmes auxquels les enfants sont naturellement réceptifs (pirates, chevaliers, dinosaures, ...), car il m'importe que les enfants s'approprient mes ouvrages et éprouvent du plaisir à les lire ou jouer avec.
Mais je ne m'interdis pas pour autant de transgresser cette aspiration générale. Je viens en effet de publier deux romans d'une jeune auteur varoise de 16 ans (Slavka Zigic), tout simplement parce que j'ai été séduit par son parcours et par l'unanimité dont elle fait l'objet ici.
J'ai aussi édité un album, tout simplement parce que l'histoire et les illustrations m'ont paru "fraîches".
Comment choisissez-vous les livres que vous publiez ?
Je regarde beaucoup les jeux de mes enfants pour bien comprendre leur imaginaire, cela m'aide dans mes choix. Je parcours aussi inlassablement les catalogues d'éditeurs étrangers pour en faire sortir le meilleur, dans le cas de coédition. C'est très inégal, mais j'y trouve des pépites. Ensuite, je laisse reposer dans ma tête pour savoir si vraiment je réponds à une attente des enfants.
Comment imaginez-vous l’avenir du livre ?
Lié au jeu pour les enfants et à l'utile ou au pratique pour les adultes.
Dans les deux cas, le contenant (= le format) prendra de plus en plus d'importance et il ne faut pas avoir peur de quitter la notion de livre "classique" avec un format rectangulaire, une couverture et une reliure.
Le livre numérique ne va pas supplanter totalement le livre papier, mais il contribuera à son déclin. D'où l'importance d'apporter autre chose avec le livre papier, que le livre numérique ne peut apporter.
Que diriez-vous en conclusion à de jeunes lecteurs ?
Lisez ce que vous voulez, mais lisez !
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