:
Pédagogie, Bibliographies de littérature jeunesse & Activités autour de la lecture, la recherche documentaire, l'EMI, l'éducation à l'image, le bien-être... (collège-lycée)
Enseignante-documentaliste depuis 1998, j'exerce en collège dans l'Académie de Nice. J'ai animé des formations sur la littérature jeunesse, les carnets de voyage et les blogs dans l'Académie de Versailles et sur la relaxation et le bien-être dans l’Académie d’Aix-Marseille.
Le professeur Sir Von Matuvu est un explorateur intrépide, qui sait découvrir les monstres les mieux cachés. Il donne de nombreux conseils au lecteur pour apprendre à les repérer. Et pourtant, son expédition se solde par un échec cuisant… Le lecteur sera-t-il plus observateur que lui ?
Sur chaque double page s’étalent des peintures colorées. Le lecteur est invité à y poser des ronds noirs, pour débusquer des monstres à travers les formes abstraites. Une façon poétique d’aiguiser son regard, de s’initier à la lecture de l’image et de faire travailler son imagination. Testé avec un jeune lecteur de 4 ans : d’abord dubitatif devant les premières pages, il s’est finalement pris au jeu et a découvert une multitude de créatures, aux nez proéminents et sourires carnassiers…
Un très bel album, qui propose une découverte à la fois très simple et pourtant surprenante. Je crois de plus en plus que l’avenir du livre passera par la publication de beaux livres, offrant une expérience que le numérique complètera mais ne remplacera pas. Seul petit bémol pour un achat en bibliothèque : le lecteur doit lui-même réaliser les ronds noirs. Ils auraient pu être fournis avec l’ouvrage dans une petit pochette pour les ranger sans les égarer. Bibliothécaires et Professeurs des écoles devront donc confectionner leurs propres « Matuvux », pour découvrir les monstres.
Cet ouvrage leur donnera certainement des idées de réalisations plastiques avec les élèves, à la manière de Bonnefrite….
Max, un adolescent qui vit volontairement reclus dans l’appartement de son père, écrit à Flora, une fille de son lycée récemment incarcérée pour avoir agressé une fille qui la harcelait. Tous deux enfermés, ils se livrent, se découvrent et nouent une relation sincère, s’encourageant mutuellement. Peu à peu, ils en arrivent même à évoquer l’avenir avec plus d’optimisme et imaginer une solution alternative pour mieux vivre leur différence…
La forme épistolaire donne une forme très fluide au texte, qui pourrait agréablement être lu à voix haute.
À partir de la situation exceptionnelle des deux protagonistes, les auteursarrivent à parler tout simplement de l’adolescence, ses doutes et ses failles, à travers lesquels chacun pourra se projeter.
Je me sens comme le fantôme de celle qu’on voudrait que je sois. Je me plie à toutes les demandes et ça me donne l’impression de ne plus exister. Pas parce que je suis emprisonnée, mais parce que j’ai le sentiment de ne plus habiter mon propre monde.
Flora
Des citations, des allusions à des lectures aussi, donnent envie d’aller plus loin, permettent de comprendre que le mal-être est partagé par tous, que d’autres auteurs ont écrit dessus, comme Fernando Pessoa ou Sylvia Plath.
Les deux adolescents ne sont pas dénués d’humour, même pour évoquer leurs difficultés :
Pour montrer que je fais des efforts, au moment où ma mère allait sortir, j’ai passé mon bras à l’extérieur. Mes parents et Sofia ont souri comme si j’avais accompli un exploit. Moi, j’ai surtout trouvé que l’air était froid.
Max
Et leurs messages gardent un ton doux et positif :
Je sais bien ce que tu as fait, mais tes actes ne sont pas toi.
Rio et sa sœur jumelles Bay vivent à Atlantia, dans le monde d’En-Bas, sous la surface de la mer, protégées de la pollution du monde d’En-Haut. A l’étonnement général, Bay choisit d’aller vivre à la surface, après le décès de sa mère. Rio, dont c’était le rêve depuis toujours et qui avait fait le sacrifice de rester pour ne pas abandonner sa sœur, cherche à comprendre…. et à s’échapper pour retrouver sa sœur, alors qu’un seul membre par famille est autorisé à quitter Atlantia. Elle va découvrir de secrets qu’elle ne soupçonnait pas…
Voici un nouveau récit de dystopie, qui nous parle d’un monde apocalyptique, dans la même lignée que la série Promise, de la même auteure. Rien de très nouveau ou original, si ce n’est une nouvelle façon de s’emparer du mythe de la sirène. Mais l’univers est richement décrit, le récit est bien mené et captivera les adolescents, généralement très demandeurs de ce genre littéraire.
Nathan, 2015, 32 p. (Mes petites histoires Montessori)
6,95 euros
Genre : album
Thème : découverte / expérience / nature
Niveau : maternelle / CP / CE1
La promenade
Toute la famille part pique niquer près du grand chêne. Mais en chemin, Émy et Liv trouvent des tas de trésors et la promenade prend soudain un autre tour… C’est l’occasion d’observer, cueillir, sentir… prendre le temps…
Le goûter
Émy et Liv ont invité des amis pour le goûter. Elles ont envie de leur préparer un bon pain… mais elles ne sont pas d'accord sur la recette !
Ces histoires sont inspirées par la pédagogie Montessori. Le rythme est lent. Les parents sont disponibles et bienveillants et les deux fillettes vives et curieuses. Leurs aventures donnent d’ailleurs envie de faire comme elles ! Ce qui tombe bien car l’histoire est suivie de propositions d’activités. Dès la première lecture, mon jeune cobaye a absolument voulu expérimenter… Nous avons donc créé un petit cabinet de curiosités de sciences naturelles, avec d'autres livres autour du même thème et des petits bocaux de cadeaux naturels à observer... Nous avons aussi suivi la recette des petits pains…
Des livres sympathiques pour les parents qui font l'instruction en famille, ou pour une BCD.
C’est l’histoire de Michel Morin, un petit garçon orphelin, qui se réconforte en regardant la lune… Son imagination s’évade… Jacques Prévert lui prête sa plume en jouant avec la langue et les expressions. Son récit, poétique et onirique, devenu classique de la littérature pour enfant, aborde de nombreux sujets intemporels : l'écologie, la nature, la paix, l'amour…
Je me suis mise à m’intéresser de plus près aux albums illustrés par Jacqueline Duhême en découvrant son incroyable vie dans son texte autobiographique récemment publié, Une vie en Crobards.
Voilà un album beau et doux, à partager avec les enfants qui ne le connaîtraient pas déjà.
Mes premières activités pour être calme et concentré
Nathan, 2015, 48 p. (Haut comme 3 pommes)
ISBN : 978-2-09-255892-8
15,9 euros
Genre : album documentaire
Thème : relaxation / yoga / mandala
Niveau : maternelle
On dit souvent aux enfants « Calme toi ! » sans pour autant leur expliquer comment s’y prendre… Pour bien aborder la rentrée, ce petit album apporte des pistes…
Il regroupe des propositions d’activités, à faire dès 3 ans, pour apprendre à se détendre et se concentrer :
en suivant des spirales ou autres lignes en relief avec le doigt tout en soufflant, en utilisant son doudou pour respirer avec le ventre, en observant les illustrations pour une gym des yeux, en adoptant des postures de yoga, en pratiquant des auto-massages ou des dessins avec de l’eau ou dans du sel…
La majorité des activités sont vraiment très simples et ne nécessitent aucun matériel spécifique. Elles sont suffisamment ludiques et brèves pour que les enfants y adhèrent spontanément, sans se lasser. Testées avec un petit de 4 ans, agité au moment de dormir, ce livre a été un support intéressant pour l’aider à retrouver le calme en se concentrant sur plusieurs des petits jeux proposés. Même si je suis un peu moins séduite par les illustrations, les couleurs et les paillettes, c'est un livre à conseiller, pour donner aux enfants des outils qui les aideront à trouver le calme, à la maison avec les parents, comme en classe pour les maîtresse de maternelle.
Il existe toutes sortes de cartes : routière, touristique, astronomique, administrative, au trésor… Elles nécessitent toutes, pour être capable de les décrypter, de savoir comment décoder les symboles des légendes et s’orienter.
Dans un CDI, il n’est pas possible de compléter le cahier, mais il peut donner aux enseignants des idées d’activités pédagogiques et propose également de nombreuses informations sur le thème pour les élèves. Les textes sont exigeants et pointus et les « jeux » sérieux, c’est pourquoi le document me paraît davantage accessible au collège que dès 9 ans comme le préconise l’éditeur.
Actes Sud enrichit progressivement son catalogue de différents cahiers d’activités, dans lesquels puiser des idées, notamment en histoire (Le cahier des civilisations perdues) et art (Le cahier de chimères, Cahier d’activités du Louvre, Fais parler les murs !)
Thème : enfance / musique / Etats-Unis / afro-américain / 20e siècle
Niveau : 4e – 3e – 2de
L’histoire de Jimi Hendrix, né durant la Seconde Guerre Mondiale, qui vécut à Seattle une enfance difficile, entre les disputes violentes de ses parents alcooliques et diverses familles d’accueil. À l’adolescence, la guitare devient son unique échappatoire, pour oublier ses idées noires et sa solitude. Lui pourtant si timide devient un musicien incroyable et totalement novateur. On découvre aussi, à travers ce récit, l'histoire de l'Amérique au 20e siècle (guerre du Vietnam, ségrégation…)
L’auteur avait déjà raconté la difficile histoire d’une autre grande musicienne afro américaine,
Il s’attarde ici beaucoup sur l’enfance du musicien. Je suis un peu restée sur ma faim, j’aurais aimé en apprendre plus sur sa carrière, mais ce roman nous permet néanmoins de rentrer dans l’intimité du guitariste, de comprendre l’origine de l’impulsivité de son style et sa triste entré dans le « club des 27 », avec une mort prématurée à l’âge de 27 ans. Jimi Hendrix est étudié dans certains collèges en histoire des arts en 3e.
Sur chaque double page, le portait d’un individu et la peinture d’un objet font face à un petit texte rédigé à la première personne.
Chacun raconte ses souvenirs ou ses espoirs, ses peurs et ses joies, tout en évoquant l’importance que cet objet, à priori banal, a dans sa vie : Paulette économise dans son cochon en porcelaine pour faire le tour du monde, Kader est un infatigable marcheur en baskets, Christine, assistante sociale arrose ses fleurs de larmes et d’eau, Marie-Claire fait face à son ordinateur…
Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ?
J’ai grandi, j’ai vieilli. J’ai couru, j’ai aimé, je me suis mariée.
J’ai mis des fleurs sur ma terrasse. J’ai mis du rimmel à mes yeux.
J’ai mis du linge dans mes armoires. Un mouchoir sur mes illusions.
Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ?
[…]
Une série de portraits en textes et en images
qui peut nous inciter à nous interroger sur notre propre histoire.
Les peintures ont été réalisées en 2012 en banlieue parisienne, alors qu’avait été demandé aux habitants de venir avec un objet cher à ses yeux. Martin Jarrie y donne la même importance à la figure humaine qu’à l’objet. François Morel a ensuite réinventé les histoires, avec son talent habituel, « parce qu’il sait manier l’arme la plus efficace : la parole. » Il dresse ainsi des portraits touchants, vibrants, étonnants, drôles ou profondément tristes, à la fois réalistes et oniriques, ancrés dans un contexte précis et visant pourtant à l’universalité de la condition humaine.
Un très bel album à avoir dans un CDI de collège ou même de lycée, qui peut être lu à voix haute et donner des idées d’ateliers d’écriture, en club ou en cours de français / arts plastiques. Un livre que l’on aura aussi sûrement envie d’avoir dans ses propres étagères…
Sans nous en rendre compte, les objets dont nous nous servons tous les jours, à la maison, à l’école ou sur notre lieu de travail, ont été conçus par des designers. Ce livre permet de découvrir leur univers, à travers la présentation (naissance, fonction, créateur, matériau…) de plusieurs objets emblématiques : stylo bic, bouteille de Perrier, ordinateur Ibook, jeu de construction kapla…
Ce livre se présente sous un format original, très allongé et avec un dos laissant apparente la reliure cousue de fil rouge. La forme est donc elle-même propice à aborder une réflexion sur le rapport entre fonctionnalité et esthétique des objets, un thème sur lequel existent encore peu d’ouvrages jeunesse. La carte d'identité de chaque objet présenté est claire et l'envisage sous différents angles. Les enseignants de techno seront sûrement intéressés par le fait que le livre précise le matériau utilisé ou la fonction d'usage.
Sur le même thème :
C’est quoi le Design de Claire Fayolle chez Autrement Jeunesse, 2002 (Autrement Junior Arts)