VILLORO, Juan
Le livre sauvage
Bayard, 2011, 387 p. (Estampille)
ISBN : 978-2-7470-3159-2
Prix : 11,9 euros
Couverture de Zara Picken
Genre : fantastique - aventure
Thème : lecture – bibliothèque – divorce – oncle – amour
Niveau : 5e – 4e
Les parents de Juan se séparent. Son père est parti construire un pont à Paris et sa mère a besoin de temps pour trouver un nouvel appartement. Juan est confié pour les vacances à son oncle Tito, un original qui vit en solitaire dans sa gigantesque bibliothèque. Il perçoit que son neveu a les talents d’un « lecteur princeps » : « pas forcément celui qui lit le plus de livres mais celui qui y trouve le plus de choses » (p 73). Il lui confie alors la mission de retrouver le « livre sauvage », qui se cache dans les rayonnages. Avec l’aide de Catalina, la jolie fille des pharmaciens d’à côté, il part en quête…
Une belle histoire, construite comme un roman d’aventure, sur le thème de la lecture et l’amour des livres, dont le jeune héros, qui s’intéresse à priori plus aux jeux vidéos et aux copains qu’aux bouquins, découvre qu’un univers peut s’ouvrir à lui, pour peu qu’il accepte de l’apprivoiser… Les livres sont perçus comme des êtres doués de vie propre dont chaque lecteur peut avoir le don de changer le contenu... A noter aussi, les recettes de cuisine de l’oncle, qui s’inspire de romans ou contes célèbres… Les élèves n’iront peut-être pas d’eux-mêmes choisir cet ouvrage, ne serait-ce qu’à cause de son volume ! Mais on peut sûrement leur faire découvrir, dans le cadre d’un club, ou d’une séquence en lecture cursive (voir aussi la bibliographie sur le thème des livres et bibliothèques). La fin propose une belle métaphore autour du rôle du lecteur.
Le livre est parsemé de petites réflexions sur la lecture, la pensée…
« - Et tu les as tous lus ?
- Certainement pas ! Une bibliothèque n’est pas faite pour que tous les livres soient lus ! Ils sont là au cas où. J’ai passé ma vie à lire, mais je reste un amateur dans beaucoup de domaines. Ce qui compte, ce n’est pas de tout avoir dans la tête, mais de savoir où le trouver. » p. 60
« On devrait juger l’intelligence d’un être brillant de la façon suivante :
Capacité de relier une idée à une autre : 10/10
Capacité de résumer les choses apprises : 10/10
Capacité de penser par soi-même aux connaissances d’autrui : 10/10
[…]
L’esprit est une machine à réfléchir. Peu importe qu’il soit bourré d’informations. Ce qui compte, c’est de savoir les utiliser. Chaque tête étant une machine différente, il faut appliquer sa propre méthode pour la faire fonctionner. » p. 82-83
« […] les livres sont comme des miroirs : chacun y trouve ce qu’il a dans la tête. Le problème, c’est qu’on ne le découvre qu’en lisant le bon livre. Les livres sont des miroirs indiscrets et risque-tout : ils se débrouillent pour que tes idées te sortent de la tête et mettent l’accent sur des pensées dont tu ignorais tout. Quand on ne lit pas, ces idées restent prisonnières et ne sont d’aucune utilité.
- Moi aussi, j’apprends dans des livres des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé.
- Bien sûr. Un miroir magique est également une fenêtre : tu peux y voir tes idées, mais aussi un tas d’autres choses. Tu t’informes des pensées d’autrui et tu voyages dans d’autres univers. Un livre est le meilleur moyen de locomotion qui soit : il t’emmène loin sans polluer, arrive à l’heure, ne coûte pas cher et ne te donne pas le mal des transports. » p. 150
« On ne peut pas tout garder en tête. Les livres sont la mémoire externe des hommes, un entrepôt de souvenirs." p. 274